Wednesday, December 31, 2008

le combat de nègres et de chiens


Kennst du Bernard-Marie Koltès? Wenn du ihn nicht kennst, gibt es einen Teil seines Stück, le combat de nègres et de chiens.

Il y a très longtemps. je dis à  mon frère: je sens que j'ai froid; il me dit: c'est qu'il y a un petit nuage entre le soleil et toi; je lui dis: est-ce possible que ce petit nuage me fasse geler alors que tout autour de moi, les gens transpirent et le soleil les brûle? Mon frère me dit: moi aussi, je gèle; nous nous sommes donc réchauffés ensemble. Je dis ensuit à mon frère: quand donc disparaîtra ce nuage, que le soleil puisse nous chauffer nous aussi? Il m'adit: il ne disparaîtra pas, c'est un petit nuage qui nous suivra partout, toujours entre le soleil et nous. Et je sentais qu'il nous suivait partout, et qu'au milieu des gens riant tout nus dans la chaleur, mon frère et moi nous gelions et nous nous réchauffions ensemble. Alors mon frère et moi, sous ce petit nuage qui nous privait de chaleur, nous nous sommes habitués l'un à l'autre, à force de nous réchauffer. Si le dos me démangeait, j'avais mon frère pour le grater; et je grattais le sien lorsqu'il le démangeait; l'inquiétude me faisait ronger les ongles de ses mains et, dans son sommeil, il suçait le pouce de ma main. Les femmes que l'on eut s'accrochèrent à nous et se mirent à geler à leur tour; mais on se réchauffait tant on était serrés sous le petit nuage, on s'habituait les uns aus autres et le frisson qui saisissait un homme se répercutait d'un bord à l'autre du groupe. Les mères vinrent nous rejoindre, et les mères des mères et leurs enfants et nos enfants, une innombrable famille dont même les morts n'étaient jamait arrachés, mais gardés serrés au milieu de nous á cause du froid sous le nuage. Le petit nuage avait monté, monté vers le soleil, privant de chaleur une famille de plus en plus grande, de plus en plus habituée chacun à chacun, une famille innombrable faite de corps morts, vivants et à venir, indispensables chacun à chacun à mesure que nous voyions reculer les limites des terres encore chaudes sous le soleil. C'est pourquoi je viens réclamer le corps de mon frère que l'on nous a arraché, parce que son absence a brisé cette proximité qui nous permet de nous tenir chaud, parce que, même mort, nous avons besoins de sa chaleur pour nous réchauffer, et il a besoins de la nôtre pour lui garder la sienne. 

1 comment:

  1. Site intéressant bien qu'un peu "fourre-tout" ;)

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